Les bienfaits du toucher sur le développement du bébé.
Dernière mise à jour : 28 nov. 2022
Le toucher, qu'est-ce que c'est ?
La définition littéraire du toucher est la suivante : « Sens par lequel sont reçues les informations sur l'environnement qui sont perçues par contact cutané direct. »

Le toucher est ainsi notre sens le plus étendu : à lui seul, il couvre 80% de notre corps grâce à notre peau.
En fait, le toucher c’est le sens qui se développe en premier chez l’humain puisqu'il a été remarqué chez l’embryon de moins de huit semaines. À ce stade-là, l’embryon n’a pas encore d’yeux ni d’oreilles et cependant il reçoit déjà les premiers massages de sa vie. En effet la sensibilité de sa peau est déjà telle, qu’il peut les ressentir grâce aux mouvements de respiration de sa maman et aux balancements de son corps flottant dans le liquide amniotique. Le toucher est donc le premier outil de communication qui se crée entre la maman et son bébé, et ce tout au long de la grossesse. Il semble donc évident de tout faire pour maintenir ce lien une fois le bébé parmi nous!
Nous sommes avant tout des mammifères et bon nombre de nos « cousins » du règne animal qui ne sont pas dotés de la parole, utilisent le toucher pour communiquer les uns avec les autres. C'est donc une évidence que le toucher constitue l’outil de communication par excellence avec un bébé qui ne sait pas encore parler!
N’êtes-vous pas constamment tenté de caresser, embrasser, câliner ou masser votre nouveau-né ? Le contact physique avec son enfant est inné, c’est pour ça que dans la majorité des situations, c’est la première chose dont vous avez envie lorsqu’il vient au monde, que l’on vous le pose en peau à peau, pour enfin l’admirer et le serrer contre vous!
Le toucher, un outil de tissage du lien d'attachement
Outre donc le fait d’être l’outil indispensable pour tisser ce lien unique avec votre bébé, le toucher vous permettra aussi d’apprendre à le comprendre et à vous faire comprendre de lui. On parle de plus en plus de masser son nouveau-né, son bébé, son enfant, suite à de nombreuses belles découvertes rendues publiques par des études récentes en neurosciences. Mais qu’en est-il ?
En Inde, en Afrique et dans bien d’autres belles contrées, masser son enfant est une coutume ancestrale : depuis toujours, les mères massent leurs nouveau-nés. Au travers de ces gestes, de cette chorégraphie parfaitement maîtrisée et de ce savoir qui se transmet de génération en génération, elles apportent à leurs tous petits la présence, le réconfort, le soulagement qu’ils attendent sans qu'ils aient pu formuler clairement leur besoin…
Cette maman qui masse aide son enfant à prendre conscience de son propre corps, elle répond aux besoins de contact avec les siens, afin de ne pas se sentir abandonné après avoir vécu les neuf premiers mois de son existence en contact permanent avec sa mère. Le toucher grâce au massage est une source de soulagement pour bien des maux (les douleurs dentaires, de croissance, les coliques…) que peut rencontrer ce petit d’homme ! Il lui permet également, en se sentant suffisamment serein et détendu, de trouver le sommeil plus facilement.
Comme vous le voyez, les bienfaits physiques et physiologiques sont donc nombreux mais qu'en est-il du développement neuro-psychologique ?
Le toucher pour faciliter le développement cérébral de son bébé ?
Les études neuroscientifiques rapportent que ce toucher, ces massages, cette communication privilégiée qui existe entre le parent et son enfant dans ces moments précieux, a des effets directs sur le développement de son cerveau.
Le cerveau du nouveau-né n’est pas mature lorsque ce dernier vient au monde, il va mettre des années à le devenir et sera façonné quasiment exclusivement grâce aux expériences que ce petit être va vivre tout au long de son enfance et de son adolescence.
Le cerveau de l’enfant possède dix fois plus de connexions qu’internet !! Soit un million de milliards de connexions synaptiques. Tout ce que votre enfant voit ou vit de zéro à deux ans crée une connexion. En d’autres termes, toutes les situations qu’il vivra : bonnes ou mauvaises, toutes les personnes avec lesquelles il entretiendra un contact régulier, auront un impact non négligeable sur la façon dont son cerveau va se développer et dont les différentes zones de ce dernier vont interagir les unes avec les autres.
En grandissant, autour de cinq ans, l’enfant va entamer un élagage synaptique, c’est-à-dire qu’il va faire un peu de tri, de ménage, dans ce million de milliards de synapses pour finalement n’en garder « que » trois cent milliards. Il ne conservera que les synapses qui codent les situations et les expériences les plus fréquemment répétées, qu’elles soient positives ou négatives !
Quel est le rapport avec le toucher, si ce n’est qu’au travers des moments pendant lesquels le bébé est massé il éprouve une forme de plaisir, de réconfort ou de détente ?
En massant votre bébé, vous prenez le temps de vous poser avec lui, de couper d’avec le reste du monde pour ne vous concentrer que sur lui. Vous allez le regarder dans les yeux et déceler les expressions faciales, les gestes de sa part qui vous racontent quelque chose. Vous allez apprendre à « décoder » votre bébé pour communiquer avec lui ! De ces moments d’échanges et d’amour, vous retirerez la satisfaction de savoir que vous êtes en mesure de comprendre votre bébé, vous prendrez confiance en vos capacités de parent. C’est un cercle vertueux : de cette confiance va naître une relation beaucoup plus apaisée, saine et naturelle entre votre enfant et vous, qui s’installera durablement. Votre enfant prendra confiance en vous également et par conséquent en lui-même. Un enfant dont les parents répondent présents, dès le plus jeune âge, à ses besoins, développera une base solide sur laquelle se construire puisqu’il se sait soutenu, épaulé, aimé et compris !
Le toucher et le massage peuvent-ils impacter le devenir de l'enfant… Et donc celui du futur adulte ?
Les effets des interactions sociales positives, respectueuses et bienveillantes sur son cerveau en seront bénéfiques :
Moins de stress ressenti par l’enfant (le stress fait sécréter au corps des hormones telles que le cortisol, qui peuvent être dévastatrices pour le cerveau encore immature d’un enfant)
Plus de sentiment de bien-être (sécrétion d’ocytocine, qui est l’hormone de l’amour et qui est bénéfique notamment dans le processus de la myélinisation dans le cerveau)
Identification et reproduction grâce au neurones miroirs (catégorie de neurones qui permettent de se voir agir à la place de l’autre) : plus l’enfant vit des situations plaisantes, heureuses, respectueuses… plus il sera tenté de les reproduire avec son entourage.
Prenons l’image d’une maison : si les fondations sont solides et saines alors elle ne sera pas trop sensible aux effets du temps et des intempéries. En revanche, si cette dernière a été bâtie sur des fondations fragiles, vous ne serez pas à l’abri, au fil du temps, de voir les murs se fissurer, ou encore le toit se percer ou encore s’effondrer…
Le développement du cerveau chez l’enfant fonctionne un peu de la même manière. En effet, un enfant qui n’aura pas bénéficié de soin, d'attention ou bien d’amour, pourrait en grandissant, développer des troubles plus ou moins graves du comportement, des retards d’apprentissage, des complexes, … qui le handicaperont toute sa vie durant.
Nos agissements en tant que parents ou proches d’un enfant sont donc essentiels et peuvent avoir des conséquences importantes sur leur vie entière !
Nous sommes sa référence lorsqu’il vient au monde, le nouveau-né est complètement dépendant de ses parents (c’est d’ailleurs le seul mammifère qui soit aussi dépendant à la naissance car il ne peut ni bouger, ni s’alimenter seul et ce durant plusieurs mois). Il est donc essentiel, pour nous adultes, de porter une attention particulière à ses besoins afin d’y répondre de la façon la plus adéquate possible en tout temps, en lui offrant des conditions de développement favorables, et ce notamment grâce à ce sens qu’il développe en premier : LE TOUCHER.

Article rédigé en contribution au blog Maman Renard et Papa Ours
Chloé Chambrier-Donnadieu
*Sources :
« Pour une enfance heureuse » de Catherine Gueguen
« Le concept du Continuum » de jean Liedloff
« Le massage des bébés » de Vimala Mc Clure
« Le bébé est un mammifère » de Michel Odent